TDM 80 – 08 DANEMARK – JENSEN Flemming – Le blues du braqueur de banque

(Chez Babel (n°1278) – Gaïa Editions 2012 – Traduit du danois par Andreas Saint Bonnet –
Titre original : Bankrover blues – 2008 – chez Lindhardt og Ringhof Forlag)

Avant : Après quelques livres un peu plus pesants, j’avais envie de passer à un peu de légèreté… La couverture me donne l’air d’aller dans ce sens-là…

Pendant : Les deux premiers chapitres aussi ! Max a tué Tom… Tom, c’est quand-même le premier ministre danois et Max l’homme à qui Tom devait toute son ascension jusqu’au faîte de l’Etat. Ça commence bien ;o)

Max a toujours été l’éminence grise de Tom, l’homme de l’ombre extrêmement  organisé. Mais ce meurtre, réalisé avec une arme pour le moins originale, n’était pas prémédité et Max doit rapidement décider comment réagir. D’autant qu’après avoir sommairement caché le corps débarque Signe, cheftaine scoute…

Après :

La majeure partie du livre se déroule à Frederiksdal, au nord de Copenhague, au bord du lac Furesoen, dans une cabane où l’on remise les kayaks… Et Max, qui n’est pas meurtrier, et qui ne veut surtout pas d’un deuxième cadavre sur le dos, va essayer de convaincre Signe du bien-fondé de ce meurtre, que celui-ci était finalement dans l’ordre des choses, dans l’intérêt de la nation et de tous… Va-t-il y arriver ?

Avec humour, un « modeste » braqueur de banque, nous décrit cette histoire qu’il tient de la bouche de son ami Max. Je me demandais un peu l’intérêt de ce personnage narrateur qui n’intervient jamais dans l’histoire, mais la réponse est dans les dernières pages…

J’ai passé un bon moment avec cette lecture !

L’auteur :

Copié de la 4° de couverture : Né en 1948 au Danemark, Flemming Jensen est connu pour ses one man shows, ses sketches radio et télé, et pour ses livres, publiés aux Editions Gaia, notamment Imaqa (1999), et Petit traité des privilèges de l’homme mûr et autres réflexions nocturnes (2009). Le Blues du braqueur de banque a reçu le Prix littéraire des jeunes européens 2014.

TDM 80 – 07 – LETTONIE : JONEVS Janis – Metal

(Chez Gaïa Editions – Traduit du letton par Nicolas AUZANNEAU – 2016
Titre original : Jelgava 94 (2013))

Avant :

Je crois qu’ici non plus, je n’ai pas trop chipoté et que j’ai pris le premier livre letton me tombant sous la main. Le résumé laissait sous-entendre que le récit se passerait bien dans la Lettonie contemporaine… J’étais curieux…

Pendant : (résumé 4° de couverture)

Au début des années 90, Jelgava, qui fut la capitale des ducs de Courlande, est une bourgade grise et provinciale. Dans une Lettonie en transition après l’effondrement de l’Union soviétique, une jeunesse aventureuse s’enflamme pour la culture alternative et le rock metal.

La mort de Kurt Cobain, le 5 avril 1994, allume la mèche. Le destin de Janis et de sa bande – Karlis, La Mort, Zombis, Le Nez et les autres – sort de sa voie toute tracée. Que faire maintenant ? Envoyer tout valser, monter un groupe, tenter mille expériences pour découvrir les zones interdites de la vie. Une chose est sûre, l’avenir sera metal, ou ne sera pas : Stay haevy, stay brutal !

Autobiographie revendiquée alliant humour et mélancolie, Metal explore les ressorts de la radicalité juvénile. Est-il possible d’accéder à l’âge adulte sans perdre son intégrité, sa rage de vivre et sa liberté ?

Après :

Heu… Oui, bon, bref… Les jeunes lettons de 1994 à Jelgava éprouvent un certain malaise propre à l’adolescence et pour une partie d’entre-eux ils trouvent une forme de refuge dans l’écoute quasi permanente de Metal. Les presque 300 pages de ce roman relatent les tribulations de la bande de jeunes de concert en concert, toujours fauchés, mais toujours assoiffés aussi…. Le lecteur qui cherche à découvrir ce type de musique trouvera ici une liste impressionnante de groupes (lettons et d’autres plus connus). Ce n’était pas mon objectif à la lecture de ce livre…

L’auteur :

Janis Jonevs est né en 1980 à Jelgava. Il est l’auteur de nouvelles, de critiques et de textes pour le théâtre. On lui doit aussi plusieurs traductions du français. Véritable phénomène, son premier roman, Metal, a reçu en 2014 le prix du premier roman en Lettonie ainsi que le prix de littérature de l’Union européenne.

TDM 80 – 06 – LITUANIE : GAVELIS Ricardas – Vilnius Poker

(Traduit du lituanien par Margarita LE BORGNE – Chez Monsieur Toussaint Louverture- 2014 – Edition originale Viniaus pokeris – 1989)

Avant :

Des auteurs lituaniens, je n’en ai pas énormément dans ma bibliothèque numérique…
Pour être honnête, je crois que je n’avais que celui-ci…

La lecture du résumé du livre sur Babelio m’a conforté dans l’idée de ne pas en chercher un autre…
Je reconnais que la majeure partie de cet article est un copié-collé de l’article de Babelio (https://www.babelio.com/livres/Gavelis-Vilnius-poker/690358)

Pendant :

Vytautas Vargalys est coincé dans un emploi absurde, contraint à créer un catalogue numérique pour l’une des bibliothèques de Vilnius contrôlé par les Russes, à laquelle personne n’a accès.
Survivant des camps de travail — une expérience qui l’a perturbé aussi bien physiquement que mentalement —, Vargalys est obsédé par « ce qui se passe » réellement sous la surface de Vilnius. Alors qu’il commence à perdre ses derniers repères, il découvre qu’Ils ont repris le contrôle. Ils sont des démons ayant pris forme humaine. Ils sont déterminés à voler toutes les âmes et à foutre la merde dans le monde. Vargalys commence à trouver des preuves de Leur existence partout où il regarde : dans les livres, dans la mort de son meilleur ami et dans les très jolies femmes envoyées pour travailler avec lui à la bibliothèque.
L’une d’elles, Lolita, est une sorte de femme fatale au passé mystérieux et porte un amour grandissant pour Vargalys.

Vilnius Poker conte cette tragique relation entre Vargalys et Lolita – et entre Vilnius et ceux qui y vivent – de quatre points de vue différents, et saisit l’horreur surréaliste de la vie sous le joug soviétique.

Après :

Ouf ! Sacré bouquin ! La même histoire, celle de Vytautas vue par 4 protagonistes. Vytautas d’abord, que l’on sent oppressé par leur présence discrète mais omniprésente et pesante, puis un ami de Vytautas, une amie et finalement … un chien… mais pas n’importe quel chien…

Je retiens de ce livre la présence insidieuse de l’occupant russe (la Lituanie a été occupée par les russes du XVIII° jusqu’en 1918, puis de 1940 à 1990…). Vilnius Poker sort en 1989…

Avec le contexte de la guerre en Ukraine, ce livre faisait un écho peu réjouissant, mais instructif,  à l’actualité…

L’auteur :

Ricardas Gavelis est écrivain et dramaturge, il a publié son premier livre – un recueil de six nouvelles intitulé The Celebration that has not begun – en 1976, puis a écrit six romans, trois recueils de nouvelles et plusieurs pièces de théâtre, avant de disparaître en 2002. Ses autres romans sont, entre autres, Seven Ways to Commit Suicide, The Last Generation of People on Earth, et The Life of Sun-Tzu in the Sacred City of Vilnius.

Parfois lyrique, philosophique et profondément dérangeant, Vilnius Poker est souvent considéré comme le tournant de la littérature lituanienne, et a permis à Gavelis d’acquérir sa réputation de plus grand romancier lituanien.

TDM 80 – 05 – POLOGNE – MYSLIWSKI Wieslaw – L’art d’écosser les haricots

(Chez ACTES-SUD / BABEL – 2016 – Traduit du Polonais par Margot CARLIER)

Edition originale : Traktat o łuskaniu fasoli – 2006

Promis, je ne dirai jamais plus « Rond comme la Pologne » mais plutôt « Long comme la Pologne »…

Avant

L’art d’écosser les haricots est un livre que j’ai acheté à la Foire du Livre à Bruxelles en 2017. Je préparais mon Tour du monde et sur le stand d’Actes Sud il y avait clairement de quoi compléter ma programmation, cette maison d’édition étant bien dynamique dans la diffusion des littératures lointaines…

La 4° de couverture me convainc car elle précise que « Ce roman philosophique atypique raconte avec humour et émotion rien moins qu’un demi-siècle d’histoire polonaise et européenne« …

J’ai quand même une légère hésitation… Il faut dire que ce livre fait un peu plus de 500 pages, ce qui est largement supérieur à mes lectures habituelles. Mais pourquoi pas, si l’auteur parvient à me tenir en haleine ?

Pendant

Le narrateur est un homme seul, qui après une vie assez mouvementée se retrouve comme gardien d’un village de vacances, en compagnie de ses deux chiens. Le village est situé au bord de la Rutka, rivière dont le cours a été modifié pour créer le lac dans lequel les vacanciers peuvent maintenant s’ébattre en été. La région a toujours été connue en Pologne pour être axée sur la production de haricots, et un soir, alors qu’il repeint chez lui les croix de bois du cimetière du village, on frappe à la porte.

Le narrateur ouvre à ce visiteur tardif, visite exceptionnelle en cette période d’automne ou d’hiver où le village est vide. Il est intrigué par son visiteur qui lui demande s’il a des haricots à vendre… Il lui en reste bien mais il faudra les écosser et il invite son visiteur à les écosser avec lui. Ils s’installent à la table et une longue soirée commence…

Le narrateur va raconter toute sa vie à son visiteur. De sa naissance et enfance dans ce village, avant la guerre, à la période de trouble complet que fut cette guerre, aux années de débrouille avant d’être intégré d’office dans une école professionnelle où il apprendra le métier d’électricien. Et puis la découverte de la musique, dans cette école, grâce à un professeur ivrogne (ben oui, c’est la Pologne quand même !) et la révélation qui sera la sienne quand il aura l’occasion de s’essayer au saxophone, instrument qui lui permettra de continuer sa vie sur un mode plus apaisé. On voit effectivement naitre au fil de toute cette histoire et des nombreuses digressions un tableau, panorama pointilliste de ce que fut le 20° siècle en Pologne.

Après

Comme je l’ai écrit en début d’article, je dois avouer que c’est avec plaisir que j’ai vu arriver la fin de cette lecture. Je lui ai trouvé de nombreuses longueurs mais la caractéristique principale de ce qui m’a agacé ici est le fait qu’il s’agit de plus de 500 pages de monologue du narrateur… Bien sûr il dialogue avec son visiteur, qui prend part à la discussion, mais dans la forme on ne le saura que par les réactions du narrateur, dans le style « Ha vous croyez que j’exagère, je vous assure pourtant Monsieur que c’est bien ainsi que j’ai réagi etc…« 

Et ça, au bout de 500 pages, j’étais content que cela s’arrête…

Le personnage a vécu de nombreuses aventures qui permettent de se rendre compte de ce que fut la vie en Pologne dans cette immédiate après-guerre, de la débrouille dont ont du faire preuve les rescapés. Le livre a cet intérêt-là, indéniablement. Je trouve la manière dont s’exprime le narrateur un peu ampoulée, mais c’est sans doute lié à son grand âge. Je n’aime pas interrompre une lecture, ici j’ai tenu bon mais j’ai pris de nombreux mois… Allez, hop, vivement le suivant !

L’auteur  

Wiesław Myśliwski, né le 25 mars 1932 à Dwikozy (district de Sandomierz), est un écrivain polonais. Auteur de Widnokrąg (L’Horizon) et Traktat o łuskaniu fasoli (L’Art d’écosser les haricots), il a obtenu le Prix Nike (le plus grand prix littéraire polonais) à deux reprises : en 1997 et en 2007.

Merci Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Wies%C5%82aw_My%C5%9Bliwski

TDM 80 – 04 – Tchéquie – RUDIS Jaroslav – Avenue nationale

(Chez MIROBOLE Editions – 2016 – Traduit du tchèque par Christine LAFERRIERE)

Avant :

La Tchéquie… Dernier pays de ce début de voyage dans lequel j’ai eu l’occasion de mettre les pieds… J’ai eu l’occasion dans les années 1990 d’aller deux fois à Prague, en autocar, profitant du voyage pour visiter les villes étapes (Nuremberg (Allemagne), Karlovy Vary (Tchéquie))… J’en garde de beaux souvenirs d’une ville chargée d’histoire et d’histoires.
Les petits restos très bons marché, le Pont Charles, la place avec l’horloge astronomique, les églises rococo surchargées, le cimetière juif, une bibliothèque magnifique… et je ne sais plus quels musées nous avons aussi visités…

Par contre, en littérature je ne connaissais personne… Si ce n’est Vaclav Havel, pour son parcours politique. Mais son œuvre littéraire était surtout orientée vers le théâtre et la poésie.

Ma première sélection a donc retenu un livre papier, trouvé chez un bouquiniste. La petite ville où le temps s’arrêta de Bohumil HRABAL. Mais dès les premières pages je sens que je loupe de nouveau une des règles que je me suis fixé, à savoir essayer de découvrir les littératures contemporaines… Et Bohumil HRABAL est né en 1914 (et décédé en 1997). Bref, assez rapidement je décide de chercher autre chose et je trouve dans ma bibliothèque numérique RUDIS Jaroslav, né en 1972. Ok pour le côté contemporain, j’aurai corrigé le tir !

Pendant

Dès les premières pages on est surpris par le style… Dans un bar, un homme, qui dit qu’on l’appelle Vandam (oui, comme l’acteur « aware »), s’adresse à un autre, visiblement plus jeune, dans un long monologue…

C’est le genre de gars qui aime s’entendre parler, visiblement. Il a tout connu et a un avis sur tout. La guerre, les femmes, la politique, les étrangers… Il n’a rien contre ceux-ci par exemple… Non. Tant qu’ils ne foutent pas le bordel… Parce que s’ils foutent le bordel, il n’hésite pas à le leur dire. A coups de poings si nécessaire…  Parce qu’il aime frapper, se battre, se sentir fort.

Et petit à petit, par petites touches, il dépeint la vie à Severni Mesto, le complexe de logements dans lequel il vit, au nord de Prague. La Severka, le café où tout le monde se retrouve… Enfin, tout le monde… ceux de la cité du moins. Les autres, on leur fait comprendre qu’ils n’ont rien à faire là… Et Lucka, la tenancière…

On devine que son interlocuteur lui répond de temps à autre, comprenant qu’il suffit de quelques monosyllabes pour relancer le flot de paroles…

Après

Quand on sait qu’on a le temps, on laisse parfois causer les gens comme Vandam… Ils finissent toujours par montrer leurs failles, leur humanité, leurs faiblesses… On se dit régulièrement « mais quel con… quel raciste… quelle triste vision trop simpliste du monde qu’est la sienne… » mais on ne réagit pas, on laisse couler… Curieux…

A moins qu’on ait peut-être peur de les brusquer, de réveiller cette violence qu’ils semblent avoir à fleur de peau ?

Je suis content d’avoir réorienté mon choix vers ce livre. Il n’est pas vraiment rigolo (aucun livre lu dans ce tour du monde ne l’est jusqu’à présent en fait…) mais j’ai le sentiment d’avoir passé du temps dans ce bar, à écouter Vandam, ce con, cette brute, me parler de lui, de sa vie, de son quotidien… et c’est ce que je cherchais…

De nombreuses notes en fin de chapitre précisent toutes les allusions culturelles ou géographiques propres à la Tchéquie qui émaillent ce récit, grand merci à la traductrice !

Encore un livre que je recommande donc… 😉

L’auteur

Puisqu’il est absent de Wikipedia, c’est sur Babelio que j’ai trouvé les quelques lignes que voici :

Jaroslav Rudiš est un écrivain, journaliste et musicien tchèque. Il a travaillé comme prof, DJ, manager d’un groupe de punk.

https://www.babelio.com/auteur/Jaroslav-Rudis/219048

TDM 80 – 03 – Allemagne – SCHLINK Bernhard – Le liseur

03 – ALLEMAGNE – SCHLINK Bernhard – Le liseur

(chez Gallimard – 1996 – Traduit de l’allemand par Bernard Lortholary)

Edition originale : Der vorleser – Diogenes – 1995

Avant

Le souvenir du film « The reader » m’est venu à l’esprit dès que j’ai eu ce livre en mains… Pas que pour la plastique de Kate Winslet (le rôle lui permit quand même de décrocher l’Oscar de la meilleure actrice en 2009) mais pour la richesse des thématiques développées dans ce film. J’ai eu l’occasion de le découvrir au Ciné-Chaplin, à Nismes (en Belgique 😉 ). L’exploitant de cette salle  est un vrai amoureux du cinéma, proposant en alternance des films grand-public qui lui permettent d’assurer les rentrées financières indispensables et une sélection de films plus pointus qu’il présente comme « Perles rares » en version originale sous-titrée. C’est dans cette programmation que j’ai découvert « The reader »…
Lien vers le Ciné-Chaplin : http://cine-chaplin.be/index.php

Pendant

C’est à 15 ans, un après-midi en rentrant de l’école que Michaël Berg a commencé sa jaunisse… Ça lui a pris très soudainement. Il marchait sur le trottoir en rentrant à la maison et il a senti une irrépressible envie de vomir… contre laquelle il n’a su lutter. Il était là, penaud, devant la flaque qu’il venait d’éjecter dans le porche d’une maison à appartements. Une locataire passant à ce moment le prendra en charge, nettoyant le porche, et le raccompagnant chez lui, quelques rues plus loin. Nous sommes en Allemagne dans une petite ville non identifiée, quelques années après la seconde guerre mondiale.

A sa guérison, quelques mois plus tard, sa mère priera Michaël d’aller remercier cette brave dame. L’adolescent ira une première fois… et tombera sous le charme de cette femme de 20 ans plus âgée que lui, célibataire, dont il surprendra malgré lui un moment d’intimité. Emoustillé, il y retournera… Hanna, la dame, le laissera venir et s’embarquera avec Michaël dans une relation amoureuse.

Cette relation sera marquée de rituels… Michaël est prié de commencer par lui faire la lecture, avant qu’ils ne prennent ensemble un bain et qu’ils ne fassent ensuite l’amour… Les mois passent ainsi, et les amants se retrouvent en fonction des horaires de cours de Michaël et de travail de Hanna, receveuse dans une société de tramways.

Et puis soudainement, un jour, Hanna n’est plus là. Elle disparait sans laisser d’adresse, ni aucune explication. Michaël apprendra juste qu’elle a déménagé vers une autre ville…

Michaël continue ses études, passe dans l’enseignement supérieur et attaque des études de droit.
C’est à cette occasion qu’il retrouvera Hanna… en Cour d’Assise.

Elle est sur le banc des accusés…   

Après

Le problème quand on a déjà vu le film est que l’on ne peut plus être surpris par l’action qui se déroule… C’était donc une fausse bonne idée…

Le film était bien fidèle au livre. Il insistait peut-être un peu plus sur l’idylle amoureuse des deux protagonistes et sur le handicap de Hanna que Michaël va aider à combattre. C’est du moins ce que j’en avais retenu…

Le livre mettra tout autant l’accent sur les sentiments qui animent un jeune homme embarqué dans une relation amoureuse qu’il sait être inconcevable dans la société dans laquelle il vit, ou sur les pensées contradictoires qui embrouillent l’esprit de Michaël lors du procès. Un délit est-il imputable à l’exécutant ou au donneur d’ordre ? Peut-on divulguer le secret que quelqu’un refuse de rendre public par choix personnel ? Comment l’Allemagne peut-elle tourner la page de la guerre sans que les générations ne s’entredéchirent ?

On passe une bonne partie de cette lecture dans l’esprit de Michaël, à ressasser avec lui les idées qui le rongent. Certaines réflexions semblent parfois un peu tortueuses, sinueuses, trahissant l’es émotions contradictoires qui le submergent…

J’ai apprécié retrouver ce beau récit, partiellement autobiographique, qui a valu plusieurs prix à son auteur. Et je vous conseille donc de bien volontiers de lire ce livre… et puis de voir ou revoir le film ? 

L’auteur

Bernhard Schlink est né le 6 juillet 1944 à Bielefeld en Allemagne. Il grandit à Heidelberg dans une famille allemande protestante. Son père, pasteur et professeur de théologie à l’université, avait été relevé de ses fonctions par le régime nazi et n’avait retrouvé sa chaire qu’à la fin de la guerre. Sa mère, originaire de Suisse alémanique, était une étudiante de son père. Ils se sont mariés en 1938 et ont eu deux filles et deux garçons.

Schlink étudie le droit à l’Université de Heidelberg, puis à l’Université libre de Berlin. Après ses études, il exerce comme professeur de droit public dans diverses Universités allemandes.
(Merci Wikipedia)

TDM 80 – 02 – Pays-Bas – GOLDSMITH Saskia – La fabrique d’hormones

02 – PAYS-BAS – GOLDSMITH Saskia – La fabrique d’hormones

(chez GALLIMARD – 2015 – Traduit du néerlandais par Charles FRANKEN)

Edition originale : « De Hormoonfabriek » en 2012 +

Début de lecture :

Mokechaï De Paauw est vieux et grabataire. Il est soigné par une dame (son épouse ?) qu’il n’aime pas, et une infirmière. Il ne peut plus parler. Et puisque son esprit est encore bien présent il ne peut que ressasser sa vie passée et nous la conter…

Mokechaï, Motke pour les intimes, a les dents longues. C’est un battant, un « winner ». Convaincu qu’il faut écraser les autres pour ne pas se faire écraser, il enchaine réussites commerciales et conquêtes amoureuses. Pas comme son frère Aron, considéré comme mou, perpétuel suiveur, beaucoup trop sensible pour le monde des affaires. Son père ne s’y est pas trompé. Quand il décède, dans les années 1920, c’est bien Motke qui est désigné comme successeur à la tête de l’entreprise familiale de découpe de viande.

La seule chose qu’il pourrait reprocher à son père, c’est de ne l’avoir pas autorisé à poursuivre des études… Mais le sens des affaires, ça, il l’a…

L’entreprise familiale tire profit de presque toute partie des animaux qui y entrent. La viande, bien entendu. Mais les bas-morceaux partent en diverses charcuteries, le sang et la poudre d’os en engrais, les huiles et graisses sont raffinées sur place, les poils servent à faire des brosses. Il n’y a que les organes qui constituent des déchets qu’il faut se résoudre à jeter.

Lorsque Motke apprend que des Canadiens ont mis en évidence le rôle de l’insuline, il voit directement qu’il y a un coup fumant à réaliser. Des pancréas, il en jette chaque année par tonnes. Il y voit désormais une mine d’or… Son objectif sera de devenir le premier producteur à grande échelle d’insuline. Pour cela il doit s’entourer de scientifiques. Le professeur Raphaël Levine, allemand juif qui se sent à l’étroit dans son petit labo à Amsterdam sera son partenaire. 

La collaboration sera efficace et bientôt Farmacom, leur société avancera à grands pas vers le premier succès commercial d’une longue série : la production d’insuline, extraite finalement d’urine de jument. Mais Motke se sent un peu frustré par le côté très directif du savant et décide d’expérimenter lui-aussi les cachets d’insuline en proposant à de jeunes femmes de son usine qui ne parviennent pas à enfanter à tester celles-ci. Son appétit sexuel incontrôlé le pousse à exercer une forme de chantage sur ces femmes qui sont priées de céder en échange à ses caprices intimes au risque de perdre leur emploi…

Après l’insuline, c’est la testostérone qui est en voie de fabrication dans le laboratoire du professeur Levine… Mais Motke est fatigué de la lenteur à laquelle avancent les travaux de Levine. Il aimerait bousculer cela, au risque de sauter quelques étapes de validation… Et si cette hormone pouvait redonner le goût de vivre à Aron, son molasson de frère ? Il décide de tester secrètement la chose…

Après lecture

Motke est un sale type. Roublard, infidèle, égoïste, arrogant, immoral. Un de ces acteurs du monde économique qui ont tout pour me déplaire, qui croient que le monde tourne autour d’eux et que l’argent est la solution à tous leurs problèmes.

Pourtant ce livre m’a vraiment plu.
J’ai aimé suivre le cheminement de cet homme pour construire son empire, et vivre de l’intérieur ces découvertes scientifiques. Si le personnage est antipathique ce livre permet néanmoins de nous replonger dans les Pays-Bas des années 20 à 60. Il permet une réflexion aussi sur la relation étrange entre sexualité et pouvoir…

On sent aussi, sur la première moitié du livre, la terrible pression qui monte sur cette communauté juive dans l’Europe des années 20 et 30, les Pays-Bas étant un voisin direct de l’Allemagne dont ils suivent avec effroi la montée en puissance d’un régime qu’ils redoutent à raison.

Ce roman serait basé sur une histoire vraie dont l’auteur a retrouvé les traces dans un carnet d’archives familiales : l’origine de l’entreprise devenue géant pharmaceutique Organon (producteur de pilules contraceptives).

A part un court passage par Londres, le livre se déroule principalement entre Amsterdam et une petite ville de province qui n’est jamais nommée. A la fin du livre on apprend qu’il s’agit de la ville de OSS. Wikipedia confirme que cette petite ville de l’est des Pays-Bas comptait des entreprise de découpe de viande et qu’elle a été le berceau de la société internationale Organon, fondée en 1923 par Saas van Zwanenberg. Saas serait-il donc Motke ?

L’auteure

Saskia Goldschmidt est née à Amsterdam en 1954. Elle a travaillé pendant trente ans dans le milieu du théâtre, où elle a été professeur, producteur et coach. Elle a publié son premier livre en 2011 : Obliged to Be Happy, portrait of a family, une recherche et une réflexion sur la judéité de sa famille.

(Merci Babelio !)

La fabrique d’hormones est le second de ses 5 livres, le seul traduit actuellement en français.

TDM 80 – 01 – Belgique Lize SPIT – Débâcle

Belgique – Lize SPIT – Débâcle
(chez ACTES SUD – 2018 – Traduit du néerlandais par Emmanuelle Tardif)

Edition originale : « Het smels » chez Das Mag Uitgevers en 2016

Eva est trentenaire.
Elle habite à Bruxelles, où elle donne des cours d’arts graphiques.

Elle reçoit une lettre, ou plus précisément un carton d’invitation. L’enveloppe est sur-timbrée , l’expéditeur s’est visiblement assuré qu’elle arrive bien à destination… C’est une invitation à découvrir les nouvelles installations d’une ferme dans le village où elle a grandi mais aussi pour célébrer l’anniversaire de la disparition de Jan…

Jan, c’était le grand frère de Pim. Et Eva, Pim et Laurens, c’étaient les 3 mousquetaires, les 3 seuls enfants nés en 1988 à Bovenmeer, dans ce petit village à la limitte des Provinces d’Anvers et du Limbourg flamand. Eva, Pim et Laurens ont tout vécu à trois, ils formaient une classe à eux-seuls tout au long de leur scolarité, ils ont tout découvert de la vie, de l’amitié, de l’amour, du sexe, de l’adolescence en trio.

Au fil des chapitres, le livre alterne trois récits. On suit la description quasi minute par minute, de la journée à laquelle Eva est invitée; la journée de ce retour, exceptionnel pour elle, dans son village d’enfance. On découvre aussi en alternance l’enfance d’Eva, en famille ou avec Pim et Laurens, et le détail des 400 coups à mettre au crédit de ce trio un peu infernal. Le troisième rythme est enfin, celui du dernier été passé ensemble, en 2002 ; été que les deux garçons vont occuper avec un jeu de leur invention pour lequel ils confient le rôle d’arbitre à Eva…

L’atmosphère est souvent pesante. Eva a grandi entre une mère alcoolique et un père dépressif. Elle semble la seule à comprendre et vouloir protéger sa petite sœur, Tessie, dont la santé mentale est visiblement fragile. Seul son grand frère Jolan, semble bénéficier d’une certaine normalité, qui le pousse à vouloir prendre une certaine indépendance par rapport à ce lourd contexte familial. Elle relate tous ces événements de son enfance, de son adolescence avec beaucoup de froideur,  comme si elle était observatrice détachée de ce qui se passe, du plus anodin au plus glauque…

Les mots sont crus… Ce sont ceux d’une adulte meurtrie qui se penche sans tendresse sur sa jeunesse…

Et à quoi fait référence cette « débâcle » du titre ? Au couple de ses parents qui ne tient que par habitude ? A cette vie un peu misérable dans ce petit village campagnard ? A ce trio qui sent au fil des ans et la puberté arrivant qu’il se délite ?

Ou à ce gros bloc de glace qu’elle trimballe dans sa voiture depuis Bruxelles pour se rendre finalement à cette invitation où elle n’a pas confirmée sa venue ?

Je vous invite à le découvrir par vous-même…

Après lecture :

Oufti, j’ai commencé fort ! Mais c’est sans regrets !

C’est une rubrique littéraire de Michel Dufrasne (RTBF) qui m’a donné envie de commencer mon tour du monde par ce livre-là…

Une brique noire de 420 pages… Le genre de livre qu’on ne peut avaler d’un coup. Il faut le prendre à petites doses, laisser le temps de digérer. Un récit tout à fait crédible, ce qui accentue d’autant plus le malaise…

Mais l’envie de continuer le livre est là. Par petites touches on sent que l’histoire s’installe, sans que l’on sente vers quoi ou vers où… Et puis petit à petit on a peur de comprendre…

L’auteure sort un nouveau roman, de ces temps-ci… A prévoir dans la pile des livres à lire un jour, en espérant que la traduction ne tarde pas…

L’auteure :

Lize Spit est une auteure belge. Elle nait ou passe probablement son enfance à Viersel, petit village à quelques km de Lierre (tiens donc ??) en… 1988 (re-tiens donc !?!?))
Débâcle est son premier roman. Elle grandit en Campine belge et étudie à Bruxelles au RITCS, où elle obtient Master en écriture de scénario.
En 2013 elle obtient le prix du jury et le prix du public du concours d’écriture Write Now!. En 2016 elle obtient le De Bronzen Uil pour Het smelt.
Elle annonce la sortie de son deuxième livre Ik ben er niet le 10 décembre 2020.

(merci Wikipedia…)

BD – Les couloirs aériens

BD – Les couloirs aériens par Etienne DAVODEAU, JOUB et Christophe HERMENIER
2019 – chez FUTUROPOLIS

https://medias.comixtrip.fr/wp-content/uploads/2019/10/lescouloirsaeriens-1.jpg

Perdre emploi, père et mère la même année, c’est déjà pas franchement rigolo.
Ajoutez à cela que vous passez le cap de la cinquantaine, que votre femme et votre fils ne vous voient que sporadiquement car ils travaillent à quelques milliers de km, que votre fille sort avec un gars qui ne vous revient pas et vous avouerez que tout se conjugue pour vous plomber définitivement le moral…

C’est pourtant ce qui arrive à Yvan…
Il peut heureusement compter sur quelques amis, dont Thierry et Sandra, qui lui prêtent une maison de vacances pour passer l’hiver dans un village reculé de Jura, dans un paysage couvert de neige. Un hiver pour faire le point, au milieu des souvenirs qu’il ressort des caisses de son appartement qu’il a dû quitter et les caisses de la maison de ses parents qu’il a fallu vider car il était vendu.

Heureusement que quand il y a de l’électricité il peut contacter ses amis, sa femme, ses enfants par mail… Et puis faire la connaissance de quelques personnes du cru… Edmond et ses pétards, Marcel et son maître … et puis Julia, la vendeuse…

50 ans, l’âge où on se rend compte qu’on devient le vieux dont on rigolait quand on en avait 20… L’âge de regarder dans le rétro… et de flipper. Au point de faire une connerie ou l’autre.
Heureusement qu’il y a les potes pour tourner le retro dans l’autre sens et aider à voir vers demain, et plus loin encore…

J’ai acheté cette BD car j’apprécie depuis longtemps le travail d’Etienne DAVODEAU et j’ai une confiance aveugle en tout ce qu’il signe. Basé en partie sur une histoire vraie, vécue par un de ses amis (Christophe HERMENIER, co-scénariste)  cette BD m’a comblé. Bien sûr, le fait que ma cinquantaine ne soit pas encore trop entamée (quoique) a joué. De toutes façons je reste plus chevelu que Yvan ;o) Mais je suis touché par toutes les questions qu’il se pose, par les sentiments qui le traversent, à propos de sa jeunesse qui s’éloigne définitivement, de l’état de son couple, de ses enfants qui s’envolent, de ses parents qui partent et qui laissent des objets et des souvenirs, de l’avenir qu’il faut encore assurer…

Je viens de terminer cette BD alors qu’il neige… Mais rassurez-vous, cette mise en condition n’est pas indispensable …

Dans ce piano tout noir – Lesquin – 31/01/2020

Il est grand temps que je découvre ce spectacle avec lequel Romain DIDIER tourne depuis quelques temps maintenant…

Un répertoire constitué exclusivement des chansons qu’il a assumées à 100 %, paroles et musiques, alors que régulièrement il aime aussi laisser des complices poser leurs textes sur ses mélodies, de Patrice MITHOIS à ses débuts à Pascal MATHIEU plus récemment, mais surtout son compagnon de longue route Allain LEPREST…
Est-ce le départ de celui-ci et les spectacles d’hommage qui se multiplient, et auxquels Romain participe régulièrement, qui l’ont amené à ce recentrer sur ses propres chansons pour ce tour de chant-ci ?
Il ponctue juste le récital de quelques passages musicaux empruntés à des grands classiques de la chanson qui ont bercé son histoire.
Autre particularité du spectacle, il parait que Romain, qui semble généralement beaucoup aimer dialoguer avec son public ne le fait cette fois-ci presque pas, enchainant les titres les uns après les autres…
Il me tend la perche car il s’approche à quelques km de la frontière belge, à Lesquin, dans les faubourgs de Lille.
J’ai hâte…