Théâtre « S(e)mall Belgian Cabaretje » au Public

Tout est dans la frite

On ne connaît personne qui parle aussi bien de la Belgique que Claude Semal. Pour les 176 ans du royaume.
par MAKEREEL,CATHERINE
samedi 18 novembre 2006, 11:10
CRITIQUE

Plus belge que Renaud n'est français, Claude Semal, ce trublion noir-jaune-rouge, aurait été l'invité rêvé du 175 e anniversaire de la Belgique. Seulement voilà, son parfum d'anarchiste risquant de déplaire aux narines du Palais, il ne fut jamais convié. Peu importe puisque son « S(e)mall Belgian Cabaretje » s'invite aujourd'hui sur la scène du Public pour un spectacle musical, satirique et surréaliste, dédié aux 176 ans du pays !

Sous la forme du music-hall, mêlant chansons, sketchs et numéros burlesques, Claude Semal et son compagnon de scène multi-instrumentiste Eric Drabs convoquent l'essentiel de notre petit pays : la bière, les frites, l'Omegang, les Gilles de Binche et le temps pourri. Sans nationalisme mais avec gouaille, humour et autodérision, cette ode à la culture populaire ferait aimer la Belgique à un natif des îles Marquises.

Comme la frite, dure et molle, chaude et froide (avec la mayo), le petit pays réunit tout et son contraire. N'est-il pas paradoxal qu'un Etat survive depuis 175 ans avec la devise « L'union fait la force » tout en se dissolvant au fil des années dans un fédéralisme toujours plus accentué ? On s'étonne après que les Belges soient surréalistes !

Désenchantement, révolte

Quand cette fantaisie s'allie à un excellent sens du burlesque, ça donne Claude Semal et Eric Drabs, déguisés en frites congelées, les fesses pleines de cloques après une séance UV dans l'huile de friture, en moule hollandaise de passage dans le plat pays avant de s'envoler au paradis des crustacés, ou encore en betterave géante et chantante. Sans jamais se prendre au sérieux, les troubadours alignent les chansons de Claude Semal (« Le monde entier devient belge ! », « Les moineaux »), mais aussi d'autres belges chanteurs comme André Bialek ou Jacques-Ivan Duchesne.

Si l'humour jaillit comme d'un fût, il ne cache pas un léger désenchantement face au déclin d'une certaine culture (« Comment rester un chanteur brelge quand ici-plat les Belges s'en foutent ? ») et quelques traces de révolte chez cet ancien rédacteur en chef du journal Pour qui évoque en passant le drame de Semira, étouffée par des gendarmes dans un charter d'expulsion. Précipitez-vous donc pour voir ce cabaretje ironique, nostalgique, caustique et loufoque : qui sait combien d'anniversaires la Belgique connaîtra encore ?

Jusqu'au 31 décembre au Théâtre Le Public, 64-70 rue Braemt, Bruxelles. Tél. : 0800.944.44.

Sans nationalisme mais avec gouaille, humour et autodérision, une ode à la culture populaire belge