La pension

Bien que je ne fasse pas mon âge
Mesdames messieurs votre attention
Après toute une vie de chômage
J’arrive enfin à la pension
Les cheveux blanchis par l’ouvrage
Dopé par mon hypertension
Je vais profiter des voyages
Et des prix de l’arrière-saison.

Après toute une vie de chômage
Je vais changer d’allocations
Comme les grands vins
les vrais fromages
Plus je vieillis plus je suis bon
En attendant le grand naufrage
Avant mon ultime plongeon
Je vais surnager dans le potage
Avec les mouches... et les croûtons.

Mais voilà que comme un mirage
Le jour béni de ma pension
Recule dans le paysage
Comme la ligne d’horizon
On me réclame d’avantages
De quota de cotisations
Des annuités d’esclavage
En plus pour payer ma pension.

Pourtant j’ai fait dès mon jeune âge
Tous les petits boulots à la con
Je n’ai jamais manqué d’ouvrage
J’ai toujours manqué de pognon
Les camionnettes que l’on décharge
La plonge les chantiers les moissons
Ca paye le loyer sans les charges
Ca ne payer jamais ta pension

Bien que plus âgé que Carthage
Et plus ridé qu’Agamemnon
Je reste enchaîné à la tâche
Sans pouvoir crier « Ah ! Mais non...
Quand y a tant de jeunes au chômage
Expliquez-moi car je suis con
Pourquoi je dois bosser davantage
Et eux rester à la maison ».

J’ai travaillé jusqu’à plus d’âge
Fallait bien nourrir mon fiston
Un doigt d’arthrose dans les rouages
Quelques rustines sur les pistons
A l’ombre douillette d’un arbre
Au cimetière des illusions
Dans un transatlantique en marbre
Je profite enfin de ma pension

Dans un transatlantique en marbre
Au paradis des fonds de pension
Je pêche les taupes sous un arbre
Et je profite enfin... de ma... pension !

(Paroles et Musique : Claude SEMAL
Reprise sur le CD Les Marcheurs).