L’optimisme du désespoir

Nous avons collé sur les murs
l’espoir du monde et nos jeunesses
et nos mots crus dans la saumure
portaient la fronde et sa genèse
Ce printemps-là les bombardiers
labouraient la paix des rizières
enflammaient le village entier
et la moisson et la rivière
Oh ! paysanne des posters
tu as dû vieillir sans savoir
qu’en toi nous avions découvert
l’optimisme du désespoir

Le monde était coupé en deux
le nôtre neuf le leur vétuste
puisque la terreur venait d’eux
même nos erreurs étaient justes
Nous avions dénoué le cercle
pour nous changer changer le monde
Mais l’histoire épuise les siècles
et nos vies battent les secondes
Et ces secondes font des jours
cent mille jours pour un beau soir
qui alimentera toujours
l’optimisme du désespoir

Je ne regrette pas un geste
J’ai gardé toutes mes colères
la merde n’est pas plus digeste
avec mes doutes que naguère
Mais que l’Histoire accouche ou râle
je n’attends plus d’elle un renfort
L’Histoire n’a pas de morale
si ce n’est la Loi du plus fort
Puisque tout est rapport de force
dans les escaliers du pouvoir
je porte en moi comme un divorce
l’optimisme du désespoir

Réveillons-nous avant la nuit
avant que les matins ne saignent
des paysages d’incendie
avant que le ciel ne s’éteigne
Avant que le dernier missile
ne crève son dernier silo
et s’il ne nous laissait qu’une île
s’il ne nous laissait qu’un îlot
Oh ! Camarades dispersés
miraculés de l’abattoir
il faudra pour recommencer
l’optimisme du désespoir

Nous avons collé sur les murs
l’espoir du monde et sa jeunesse...

(Paroles : Claude SEMAL
Musique :
Reprise sur le disque : 33t Semal et Loos 84)