La banlieue de Charleroi

Je roule au milieu des forces productives
la gorge entre deux terrils
ma chemise ouverte au soleil des lessives
claque au vent d'avril
ma bicyclette ivre aux hoquets du voyage
perdait ses écrous
et Maïakovsky sur le porte-bagages
guidait le fil de ma roue

Dans la banlieue de Charleroi
c'est pas l'ouvrier qui est roi

Cycliste minuscule à grands coups de pédale
je poursuivais l'horizon
ce n'est plus un vélo c'est le vent qui dévale
la vallée sans gazon
en longeant les fabriques qui crachent aux nuages
d'immenses geysers roux
j'arrive poussiéreux le corps et le coeur en nage
sur le plateau de Goutroux

Dans la banlieue de Charleroi
c'est pas l'ouvrier qui est roi

Sur ma route un vieillard après trente ans de mine
le dos courbé s'est figé
sur la terre les pierres les feuilles les racines
de son potager
dans ces près doux et verts d'où l'on voit l'industrie
entre les stries du couchant
à cinq heures du soir les gars des aciéries
passent en courant

Dans la banlieue de Charleroi
c'est pas l'ouvrier qui est roi

Mais la mode d'hiver le fric et sa misère
ça peut pas durer toujours
tu sais même à travers la pire des poussières
on voit percer le jour
au-dessus des arbres les hauts-fourneaux brûlent
toute la nuit
cette lueur c'est l'avenir qui hurle
j'aime la vie

Dans la banlieue de Charleroi
c'est pas l'ouvrier qui sera roi

(Paroles : Claude SEMAL
Musique :
)