Allô le feu ?

En m’avouant ta flamme
en cette nuit pyromane
Tu mis en un éclair
mon lit à feu et à sang
En voulant l’arroser
j’attisais l’érotomane
Mon priapisme en cendres
réclamait le 900

Quand ta bouche en fusion
fuyant la crampe fatale
réclama les pompiers
pour souffler ce feu au cul
je courus dans la rue
sachant qu’à l’heure spatiale
téléphoner au sol
reste un exploit de cocu

C’est plus facile de trouver
un escalier sans marches
une crise sans crash
un baba-cool sans hasch
un dimanche sans drache
un Liban sans otages
un Dupont sans moustache
qu’une cabine de téléphone
en état de marche

Dans le premier abri
où j’atterris pêle-mêle
un oeuf en plexiglas
coincé sous l’escalator
trois supporters anglais
avaient chié leur Pale-Ale
et s’essuyaient le cul
en arrachant les Pages d’Or

La seconde cabine
avait la grâce hiératique
d’un arrêt d’autocar
entre Vielsalm et St-Trond
ça puait la morue
sans trancher ce point critique
le cornet sentait-il
le dégueuli ou l’étron?

Le troisième appareil
— un flipper hémiplégique —
avala sous les coups
vorace comme un vautour
quinze fois le profil
du dernier roi de Belgique
mais rien pas un appel
pas une pièce en retour

Au quarantième essai
je crus trouver la riposte
grâce à l’autoradio
d’un taximan complaisant
mais les pompiers déjà
avaient déserté le poste
et conduit l’autopompe
à ton cul incandescent

Quand j’atterris chez moi
au volant d’un Canadair
j’ai su que la bataille
était à jamais perdue
devant la grande échelle
au pied du feu grabataire
tout le quartier brûlait
de connaître ta vertu

(Paroles : Claude Semal
Musiques : Arnold Massart
Editions : Franc'Amour (Sowarex))