Introduction aux "grilles d'accord" de mes chansons

Quelques notes préliminaires pour lire les "grilles d'accords" de mes chansons (ceux qui sont fortiches en solfège peuvent franchement la passer!). Cela vous aidera à lire et comprendre les partitions de mes chansons... mais aussi, en principe, les autres!
Pour visualiser plus clairement la construction des accords, le plus simple est jouer les notes sur un petit clavier.

A. La notation des accords.

1. A l'américaine.
Nous utiliserons généralement la notation d'accord dite "à l'américaine" - celle qu'on utilise par exemple en jazz.
Ce n'est pas très compliqué : les accords de la gamme correspondent aux premières lettres de l'alphabet, en commençant par le La.
Ainsi, La = A, Si=B, Do=C, Ré=D, Mi=E, Fa=F, Sol=G.
Les altérations (qui haussent ou baissent l'accord d'un demi-ton) s'indique après la lettre.
Do dièze s'écrit ainsi C#, Ré bémol s'écrit Db.

2. Accords "mineurs" et "majeurs".
Lorsque la lettre est écrite toute seule, l'accord est dit "majeur". Pour indiquer un accord "mineur", on écrit la lettre suivie d'un "m" minuscule. Cm = do mineur, Am = la mineur.
Qu'est-ce un accord mineur et un accord majeur ?
Les accords sont un "empilement" de 2, 3 ou plusieurs notes qui sont jouées en même temps.
Si on part de la gamme de do majeur, on trouve comme notes les célèbres do, ré, mi, fa, sol, la, si et do.
Par rapport à la "fondamentale" (ici, la note "do"), le Ré est donc la "seconde" (sous-entendu : "...note de la gamme"), le Mi "la tierce" (="la troisième"), le Fa "la quarte" (= "la quatrième"), le Sol "la quinte", le La "la sixte", le Si "la septième", le Do aigu "l'octave" (= "la huitième") et le "Ré" aigu "la neuvième" (logique, non, mon cher Watson ?).
A noter qu'il y a un ton entre chacune des notes de la gamme, sauf entre la tierce et la quarte (ici le Mi et le Fa) et la septième et l'octave (ici le Si et le Do), où il n'y a qu'un demi-ton.
Les notes de la gamme entretiennent en effet entr'elles un rapport, une "distance harmonique" constante.
Dans la gamme majeure, il y a ainsi toujours 2 tons entre "la fondamentale" et la "tierce" (majeure), un ton et demi entre "la tierce" et "la quinte" et, en conséquence... 3 tons et demi entre "la fondamentale" et "la quinte".
Pour faire l'accord de do majeur, on joue ensemble la fondamentale, la tierce et la quinte, (en résumé 1, 3, 5) soit ici le Do, le Mi et le Sol .
Si je pars à présent d'une gamme mineure, j'ai les notes suivantes : Do, Ré, Mi bémol, Fa, Sol, La ,Si b, Do.
Ici, la "distance harmonique" entre la "fondamentale" et la "tierce" n'est plus qu'un ton et demi (on appelle cet écart "tierce mineure").
Si je construit un accord au départ la fondamentale, la tierce et la quinte de cette "gamme mineure", je vais obtenir un accord de do mineur : Do, Mib, Sol (en résumé 1, 3b, 5). J'écrirai cet accord "Cm", alors que l'accord majeur s'écrit "C" tout court.
Nota bene:
-
dans les deux cas (accord mineur et majeur), la distance harmonique entre la fondamentale et la quinte est restée la même (trois tons et demie).
- de façon générale, on appelle aussi "tierce" la distance harmonique qui sépare trois notes successives de la gamme.
Si cette distance est de deux tons, la tierce est dite majeure ; si elle n'est que d'un ton et demi, la tierce est mineure.
Et puisqu'il s'agit d'une "distance", il faut bien voir "d'où l'on part". Ainsi, la note LA est à la fois la sixte de DO et la tierce majeure de FA (comme Liège se trouve A LA FOIS à 100 km de Bruxelles et à 70 km de Louvain...).

3. Accords "de septième".
Si j'ajoute ensuite une tierce mineure (=un ton et demi) à une quinte, je tombe sur la note "septième bémol" de la gamme.
Dans la gamme de Do majeur, c'est le Si bémol.
Et si j'ajoute cette quatrième note aux trois autres, j'obtiendrai des accords de septième, qui sont harmoniquement très importants pour la structure musicale du morceau (1).
Au départ d'un accord de do majeur, on obtiendra ainsi un accord de "do majeur septième" qui se dira simplement do septième (do, mi, sol, si bémol) (1, 3, 5, 7b) et qui s'écrira C7.
Si l'accord est mineur, on obtiendra un accord dit de do mineur septième (do, mi bémol, sol, si bémol) (1, 3b, 5, 7b) qui s'écrira Cm7.

4. Enrichissement d'accords.
A ces accords de base, on peut ajouter des notes qui vont "colorer" l'accord, en changer le "son" sans modifier sa fonction harmonique.
En peu comme si vous changiez la couleur des murs : c'est pour faire joli, mais ce n'est pas obligatoire et ça ne change pas la structure de votre maison.
Il y a ainsi :
- les accords "de sixième" en rajoutant la sixte (en do, cela donne Do Mi Sol La) (1, 3, 5, 6) et cela s'écrit C6.
- les accords "sus 4" en rajoutant la quarte (Do, Mi, Fa, Sol) (1, 3, 4, 5) et cela s'écrit C sus 4 (parce qu'on ajoute la quarte "en sus").
A noter que ces accords sont très instables et, tout surpris de leur audace harmonique (il y a une forte "tension harmonique" entre le Mi et le Fa), se transforment vite en C tout court !
- les accords "de neuvième" ... en rajoutant évidemment la neuvième ! Cela s'écrit C9.
A noter que dans tous les morceaux "jazzy", on joue en même temps la septième mineure (pour le Do, le Sib) et que cela devrait en fait s'écrire C79 (Do, Mi, Sol, Sib, Ré) (1, 3, 5, 7b, 9). Si on veut ajouter la neuvième seule, on écrit plutôt C ad 9 (Do Mi Sol Ré)(1, 3, 5, 9).
Vous trouverez aussi, par exemple dans un chanson "Mon stylo", des accords "bémol 9" qui s'écrivent C7b9 (Do, Mi, Sol, Si b, Ré b)
(1, 3, 5, 7b, 9 b).
En principe, si vous gratouillez un peu la guitare ou si vous avez fait deux ans de solfège à l'école primaire, vous devez avoir le sentiment d'être soudain devenu intelligent et d'avoir enfin compris la base de la composition des accords ! Je vous préviens : ça va malheureusement changer.
Car il nous faut bien parler à présent de la plus grosse CHINOISERIE LEXICOLOGIQUE du solfège : ce sont les accords de SEPTIEME MAJEURE (Do, Mi, Sol, Si, Do) qui s'écrivent C7M. Je trouve en effet qu'on aurait franchement pu trouver un autre nom, parce que ça complique tout !
- Jusqu'à présent, les termes "mineur" et "majeur", pour caractériser un accord, dépendaient en effet de la tierce, la troisième note de la gamme, qui, elle même, pouvait être "mineure" ou "majeure" suivant qu'elle se trouve à un ton et demi ou à deux tons de la "fondamentale" (voir plus haut).
Or ici, le terme "majeure" ne se rapporte plus à tierce... mais à la septième !
Dans l'accord C7M, le "Si" se trouve en effet UNE TIERCE MAJEURE au dessus de la QUINTE de l'accord : d'où son nom.
La septième majeure donne à l'accord une coloration plutôt "latine" qui se reconnaît assez facilement à l'oreille.
Pour réaliser un "La septième majeur" (A7M) à la guitare, vous devez mettre vos doigts "en triangle". Aussi, dans certaines partitions, la notation 7M est-elle remplacée par un petit triangle (que mon ordinateur serait ici bien en peine de vous dessiner!).

5. Accords altérés (augmentés et diminués).
On touche ici à un des "piliers" de l'accord : la quinte, qui peut être augmentée ou diminuée d'un demi-ton.
L'accord augmenté s'écrit 5+. Pour l'accord de Do augmenté, C5+ ou simplement C+ (Do Mi Sol Sol#) (le Sol# est joué à l'octave, ou alors on évite de jouer le Sol pour éviter un trop grand "frottement" harmonique) (1, 3, 5#).
L'accord diminué s'écrit " - " ou " O " (un petit rond) ou encore "dim" : pour Di diminué, C- ou Co ou C dim (Do, Mi b, Sol b, Si double b - c'est à dire La) (1, 3b, 5b, 7bb ou 6).
Les accords diminués
sont en fait un empilement de tierces mineures (on peut aussi les construire comme des accord m7 où l'on a diminué la quinte et la "septième mineure" d'un-demi ton ; cette dernière devient donc en fait une sixte).
Enfin, il y a les accords demi-diminués (il y en a un, par exemple, dans l'intro de la "ballade du passant") : la tierce est mineure, la quinte est diminuée, mais la septième reste "mineure" comme dans les accords de septième (voir plus haut). Cela s'écrit C suivi d'un O barré ... que mon ordinateur est bien en peine d'écrire ! (Do, Mib, Solb, Sib) (1, 3b, 5b, 7b).
Remarque:
Pour prendre ici des exemples, je suis parti de la gamme et des accords de Do, qui est la plus simple et que tout le monde connait.
Mais il va de soi que vous pouvez faire de même dans toutes les tonalités.
La composition "chiffrée" des accords, que je vous ai chaque fois indiquée entre parenthèses, devrait pouvoir vous y aider.
Ainsi, si je prends la gamme de Ré majeur, cela me donne par exemple : Ré, Mi, Fa#, Sol, La, Si, Do#, Ré (vous noterez qu'il n'y a toujours qu'un demi-ton entre la tierce et la quarte et la septième et l'octave - soit ici Fa# et Sol et Do# et Ré).
Pour faire un accord de Ré majeur cela nous donnera (1, 3 et 5 ème note de la gamme) : Ré, Fa#, La... et cela s'écrira simplement D.
Pour faire un accord de Ré mineur (1, 3b et 5), cela donnera : Ré, Fa, La (si j'enlève en effet un demi-ton à "Fa#", j'obtiens Fa tout court).
Et cela s'écrit Dm. Capito ?

6. Renversement d'accord.
La "base" de l'accord (la note la plus basse de l'accord) n'est pas nécessairement la "fondamentale" ("Do" si je joue l'accord de Do septième). Ce peuvent aussi être la tierce (Mi), la quinte (Sol) et même la septième mineure (Si b). C'est ce qu'on appelle un renversement d'accord. Dans les partitions, ils sont indiqués par une fraction : au-dessus, on indique l'accord, et en dessous, la basse.
C/G (en imaginant que le C est au dessus et le G en dessous !) veut donc dire : "un accord de Do avec la basse en Sol".
Dm/F (idem!) signifie : "un accord de Ré mineur avec la base en Fa".
Vous trouverez même parfois des basses qui ne font pas partie de l'accord - mais qui "passent" très bien dans le contexte, parce que cela fait une suite "logique" (souvent une montée ou une descente).
Voici un exemple typique pour les guitaristes :
4/4 I C C/B I Am7 Am7/G I F F/C I G G7/D I
(attention ! pour toutes les fractions, vous devez bien "imaginer" que la première lettre est au-dessus, et la seconde en dessous !).
Vous jouerez ainsi la suite d'accords suivante : do (basse en do), do (basse EN SI!), La mineur septième (basse en la), La mineur septième (basse EN SOL!), Fa (basse en Fa), Fa (basse en Do), Sol (basse en sol) et Sol septième (basse en Ré).

B. La structure rythmique.
Dans l'exemple ci-dessus, les petites barres noires verticales sont les barres de mesure. Elles séparent les "cellules rythmiques" de base du morceau qui sont les mesures. Chaque mesure compte très généralement 2, 3 ou 4 temps et, dans chaque mesure, le premier de ces temps est accentué : c'est ce qui donne la "pulsion ryhmique" du morceau.
Les "temps" peuvent être d'une durée variable. On indique cette durée par une fraction qui indique le rapport à "la ronde" - la plus longue des notes. La fraction "4/4", qui devrait en fait s'écrire "4 x 1/4", signifie qu'il y a 4 temps dans la mesure (le premier chiffre) et que chaque temps contient 1/4 de ronde (soit "une noire"). Pour rappel, un "ronde" contient 2 blanches (=1/2), 4 noires (=1/4) et 8 croches (=1/8).
Il y a généralement un ou deux accords par mesure pafois plus !).
Lorsque vous avez deux accords écrits dans une mesure de 4/4 et qu'il n'y a pas d'autre indication, cela signifie que chaque accord est joué pendant deux temps.
Si le même accord se répète pendant plusieurs mesures, on écrit parfois .../... dans les "cases" concernées.
Attention ! Dans plusieurs de mes morceaux, vous trouvez brusquement, au milieu d'un morceau en "4/4", une ou deux mesures en "2/4" !
Ce changement rythmique est indiqué avant la mesure concernée ; après quoi, l'indication "4/4" indique que l'on revient au mode de comptage précédent. Cela introduit un petit "balancement" dans le morceau qui est, je trouve, musicalement intéressant.

C. La structure de la chanson.
Une chanson comprend généralement une "intro", des couplets (C), des refrains (R), des petits "ponts" (une suite d'accords qui relie deux partie de la chansons entr'elles), une partie instrumentale et, à la fin, une "coda" (une petite variation qui termine la chanson).
Plusieurs de ces éléments se répètent plusieurs fois dans la chansons.
Pour éviter de fastidieuses retranscriptions, on indique au début ou à la fin du morceau sa structure en n'écrivant qu'une seule fois le contenu de chaque "morceau". Exemple type d'une structure pour une chanson:
Intro
C
R
C
R
instrumental
C
R + coda
Voilà... J'espère que ces quelques notes vous aideront à vous y retrouver !
Je les compléterai au fur et à mesure des nécessités.

Bien amicalement à vous,
Claude

(1) Quand on chante une mélodie dans la gamme de Do majeur, les deux accords les plus importants de l'harmonie seront ainsi le DO majeur (Do Mi Sol) et le SOL septième (Sol Si Ré Fa). Beaucoup de mélodies simples peuvent s'accompagner avec ces deux seuls accords ("Aux marches du Palais", "Mon HLM"...). Et si on y ajoute l'accord de Fa majeur (Fa La Do), on peut (sommairement) accompagner la moitié des chansons avec ces seuls trois accords !